Histoire des Akélés
Selon Nestor BINGOU (Magistrat
Ancien Procureur de la République), Le mot Akélé vient de l'expression oungom " ba kèyè" qui signifie " ceux d'en bas" ou " ceux de l'aval".
Les Akélé semblent avoir occupé, avant l'invasion fang, de vastes espaces allant de Booué à la basse Komo, et des Monts de Cristal à la basse Ngounié, enjambant l'Ogooué et s'étendant jusqu'aux lacs de la région de Lambaréné. Chasseurs et guerriers semi-nomades, ils ont été parfois rapprochés des Pygmées, avec qui certains de leurs propres groupes vivent en symbiose. Mais leur aspect physique, aussi bien que leur pratique d'une agriculture extensive, ne les montre pas différents des autres peuples gabonais.
Selon Nestor BINGOU (Magistrat
Ancien Procureur de la République), Le mot Akélé vient de l'expression oungom " ba kèyè" qui signifie " ceux d'en bas" ou " ceux de l'aval".
En effet, par défaut d'outils
techniques de localisation géographique, nos ancêtres se référaient aux cours
d'eau et à la position du soleil pour se situer dans le temps et dans l'espace.
Les explorateurs européens, en raison des difficultés de navigation sur les
fleuves et rivières, de l'aval vers l'amont, empruntaient le plus souvent le
sens contraire, c'est-à-dire de l'amont vers l'aval. Ainsi, ils rencontraient
en premier lieu les peuples oungom de l'amont. Ces derniers, dans l'orientation
de leurs visiteurs vers les autres membres du groupe situés en aval,
utilisaient l'expression " bâ kèyè" ou "bâ mon kèyè",
c'est-à-dire ceux d'en bas ou de l'aval. Cette expression a alors été francisée
pour devenir " Bakèlè, puis " Bakélé" et enfin
"Akélé", bakélé restant le pluriel d'Akélé.
Le nom Akélé a pris d'autres
variantes telles le lokele ou le kele, une autre langue du groupe akélé, dont
les membres, restés en République Démocratique du Congo (RDC), occupent
actuellement une grande partie des rives du fleuve Congo, depuis kisangani
jusque très loin en aval, au-delà de Basoko. Cette langue compte aujourd'hui
plus de 200000 locuteurs en RDC ( voir photo ci-dessous).
Au Gabon, les classifications
lingustiques avaient placé les akélé et les kota dans un groupe unique, appelé
groupe Akélé-Kota, selon le lingustique français Jean Marie Hombert, tandis
qu'en République voisine du Congo (Brazzaville), les akélé et les kota forment
chacun un groupe lingustique à part entière.
Cette différence de
classification tient beaucoup plus des considérations politiques que des
motivations scientifiques réelles. Mais fort heureusement, le Gabon tend
aujourd'hui à s'arrimer à la classification congolaise pour une meilleure
appréciation des réalités culturelles de chaque groupe. Certains ethnologues
n'axent plus leurs études que sur le groupe Akélé. C'est le cas de l'ethnologue
Akélé Jérôme René Koupangoye, ancien vacataire à l'Université de Bordeaux 2,
Section Ethnologie, dont la thèse " parenté et sexualité chez les Mbahouin
du sud--est du Gabon", Université de Bordeaux 2, Février 1987, ne se
rapporte qu'au groupe akélé.
L'un des questionnements
principal est de savoir si le groupe lingustique Akélé est mono-identitaire, à
l'instar du groupe fang, ou pluri-identitaire comme les autres?
La mono-identité exclurait du
groupe akélé les ndassa, shamaï, shaké et ounvou, pour ne retenir que les
oungom et les outoumboumedié.
Cette approche éloignerait encore un peu plus la classification gabonaise de celle du Congo voisin qui fait des ounvou et des oungom des composantes du groupe lingustique Akélé et range les ndassa dans le groupe kota.
Cette approche éloignerait encore un peu plus la classification gabonaise de celle du Congo voisin qui fait des ounvou et des oungom des composantes du groupe lingustique Akélé et range les ndassa dans le groupe kota.
L'option congolaise paraît déjà
mieux que celle des lingustes gabonais qui confinent le groupe Akélé dans une
mono-identité mal appréhendée du point de vue des réalités sociologiques. Mais,
l'approche congolaise se démarque, elle aussi, de la réalité, en séparant les
ndassa des ounvou. Sur le plan de la langue et de l'histoire, les ndassa,
shamaï, ounvou et shaké sont indissociables. Ils ne peuvent appartenir qu'à un
seul et même groupe lingustique, soit kota, soit Akélé, et non répartis entre
les deux.
Pour nous, natifs de ces deux
communautés kota et akélé, la classification la plus conforme à nos réalités
sociologiques est celle qui range les kota, kwélé, makina, simba et autres dans
un groupe, et les oungom, shaké, shamaï, ndassa et ounvou, dans un autre. Cette
classification obéit à des considérations historiques profondes que les
appartenances géographiques actuelles ne peuvent occulter.
Sur le fondement des faits
historiques et des réalités culturelles communes, le groupe linguistique Akélé
se compose de cinq langues: le oungom, le ndassa, le shaké, shamaï et le
oumvou. L'histoire raconte que sur les traces des oungom, qui avaient combattu
les obamba et créé le village oukounja (l'esquive), les shaké, shamaï et
ndassa, s'installèrent à proximité de ce village, à Ngoungouniénié, près de la
montagne de Ngouadi. Mais, une querelle à propos d'une antilope prise au filet
les poussa à la séparation. Certains prirent la route de l’Ogooué Ivindo où ils
rencontrèrent les kota, pendant que d'autres traversèrent la sébé pour rallier
l'Ogooué-lolo.
Le ndassa, shamaï et ounvou sont
des langues composées chacune d'un seul dialecte, alors que l'oungom et le
shaké se caractérisent par la diversité de leurs dialectes. A l'intérieur de la
langue oungom sont parlés, non seulement le oungom, mais aussi le mbahouin et
le outoumboumédié. A l'intérieur de la langue shaké, il est identifié le shaké
proprement parlé et le ndambomo.
Un groupe ethnique est une
organisation à la fois linguistique et politique. Ainsi, suivant la conception
ethnologique actuelle, le groupe Akélé se compose politiquement de cinq clans,
l'expression "tribu" ayant été abandonnée par les ethnologues au profit
du mot "clan". Ces cinq clans correspondent aux cinq langues du
groupe linguistique akélé. Il s'agit notamment des clans oungom, ndassa,
shamaï, shaké, et ounvou, l'élément distinctif entre ces clans étant la langue.
A l'intérieur de chaque clan sont
dénombrés plusieurs lignages. Dans le clan oungom, par exemple, on trouve
chamiton, oudama, chamikighi, yécha, mbahouin et autres. Dans le clan shamaï,
on peut distinguer ognama de jabi ye monkoundou mouangoye ou de jabi ye
idjiyapaka, etc. L'élément distinctif entre lignages est généralement le totêm.
Chez les oundama par exemple, le totêm distinctif est l'aigle. L'autre élément
déterminant dans la caractérisation d'un lignage est l'interdiction faite aux
membres du groupe d'entretenir des relations de mariage. Deux oudama par
exemple ne peuvent contracter mariage.
A l'intérieur de chaque lignage
sont classées plusieurs lignées, c'est-à-dire des grandes familles organisées
chacune autour d'un ancêtre commun. Exemple, la famille Lengangoue à Lambaréné
est une lignée. Les familles Magnabouani, Benga ou Koba à Lastoursville sont
des lignées, etc.
S'il est acquis que l'Akélé
constitue un groupe ethnique à part entière, le défi scientifique reste à
déterminer l'identité de l'ancêtre commun à ces différents clans qui le
composent. Une piste de réponse pourrait venir de la République Démocratique du
Congo (RDC). Des études menées sur les balokele ou kele, une variante des akélé
actuels, ont permis de remonter à leur ancêtre commun Wembe. Serait-il
l'ancêtre commun de tous les Akélé? Tout reste à préciser.
En remontant l'histoire des
migrations de la communauté akélé du Niger à l'Ethiopie en passant par le
Soudan, nous parviendrons incontestablement à retrouver la trace de notre
ancêtre commun, l'homo oungom-ndassa-shamaï-shaké-ounvou, comme essaie de le
dénommer le Diplômate Akélé, le Dr d'Etat Mabobet.
Le groupe akélé du Gabon donne
aujourd'hui l'impression d'être en voie de disparition. Cette fausse impression
est due à trois raisons fondamentales :
La première est que, la
communauté akélé du Gabon est le seul groupe ethnique historiquement implanté
dans les neuf provinces. Dans ma première publication, je parlais de sept
provinces sur neuf. Mais, il m'a été révélé que la ville actuelle de Mandji (
embouchure), était un des villages de la communauté akélé dans l'Ogooué
Maritime, et que les premiers Akélé, à fouler le sol du Gabon, avaient résidé
longtemps dans la zone de Mitzic. Cette dispersion sur l'ensemble du territoire
fait que, pris sur un espace géographique donné, le nombre d'akélé paraît
insignifiant. Mais, s'il était donné de regrouper, dans une province, tous les
akélé, beaucoup d'ethnies seraient démographiquement derrière ce groupe.
La deuxième raison est que les
akélé du Gabon ont subi le sort des juifs sous le Gouvernement de Vichy en
France. D'ailleurs les explorateurs Compiègne, Marche et De Challu, traitaient
les akélé d'Israëlites. Après avoir massacré les autres pendant les guerres
tribales, le temps de revanche des opprimés était arrivé. Pour se mettre à
l'abri des represailles, beaucoup d'akélé ont dû prendre des identités
ethniques erronées. Dans l'Estuaire par exemple, 40% de ceux qui se disent
myenès sont de père et mère akélé ou un des parents akélé.
La troisième raison est que des
notes historiques de la colonisation présentaient les akélé comme étant un
peuple belliqueux, dont il fallait se méfier. Le président Leon Mba, et surtout
Omar Bongo Ondimba, en ont fait une des clés de leur pouvoir. L'assassinat sans
hésitation du capitaine Mandza Ngokouta participait de cette méfiance excessive
du pouvoir vis-à-vis des natifs de la communauté akélé, le Gabon restant le
seul pays au monde où un seul individu est capable d'organiser un coup d'Etat.
Ces préjugés historiques n'ont
plus d'intérêt aujourd'hui, les akélé ayant eux-mêmes compris que la force de
demain résidera dans la matière grise, et non plus dans la capacité d'un
individu à trancher la gorge de son ennemi. Forts de cette conviction,
plusieurs akélé investissent dans la formation de leurs enfants. Dans le
rapport population/qualité, la communauté akélé est peut-être l'une des rares
qui possèdent aujourd'hui le plus grand ratio en matière d'intelligence, les
docteurs, maîtrisards et bachéliers akélé se comptant au mètre carré.
Par vos remarques et conseils,
vous contribuerez sans doute à enrichir cette étude menée par un amateur des
sciences ethnologiques.
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